Villa PG à Hyères

Surface réhabilitée 100m2. Surface créée : 80m2

Métamorphose
« Le terme générique d’extension recouvre des interventions de nature très différente où la création de surface supplémentaire a souvent partie liée à un chantier de réhabilitation d’importance variable. Ce projet réalisé à Hyères est significatif de l’ampleur que peut prendre une opération d’extension lorsqu’elle est associée à une refonte totale du bâtiment existant, aspect formel compris. Ayant pour souhait d’habiter à proximité immédiate de leur lieu de travail, les commanditaires qui cherchent à acquérir en centre ville visitent une maison idéalement placée, mais ne leur convenant sur aucun autre point. Ses volumes contenus, sa relation de piètre qualité avec le jardin, son esthétique : rien ne séduit le couple qui prend alors conseil sur le potentiel de l’habitation auprès d’une amie architecte, Frédérique Pyra. Ce n’est qu’une fois convaincu par ses premiers croquis qu’ils se portent acquéreur. Leur objectif : une transformation complète de l’habitation et une augmentation importante de sa surface habitable. « Dans leur esprit, c’est bien un site qu’ils achetaient, pas une maison » indique l’architecte. Cependant, pour des raisons réglementaires, il n’était absolument pas pertinent de détruire la bâtisse pour répartir à zéro. » Telle qu’elle était implantée, à 3 mètres de la rue, l’habitation tire partie d’un ancien plan d’occupation des sols, un atout sachant que l’actuel plan local d’urbanisme impose aux nouvelles constructions de ce quartier résidentiel un retrait de 5 mètres par rapport à la voie publique. Soucieuse de ne pas perdre de droit à bâtir l’architecte décide donc de conserver le bâtiment existant, option par ailleurs plus économique aussi que de tout raser pour reconstruire. Dans ce contexte, la démarche de l’architecte consistera à définir un volume d’extension optimisant toutes les contraintes du règlement afin de construire le plus grand possible. C’est ainsi que le nouveau bâtiment adopte un mode de croissance calé sur les diverses limites de la réglementation, tant sur ses flancs est-ouest qu’en hauteur.
En raison de l’absence de caractère de cette maison des années 1950, un modèle standard édifié dans la région à l’identique dans des sites variés, c’est sans état d’âme que la façade est réinterprétée. La zone entrée de l’habitation est revue par la création d’un porche et l’espace garage intégré à l’habitation. A partir des percements d’origine, des fenêtres de format carrés aux dimensions réduites, l’architecte dessine des formes aléatoires, « des nuages, des "trous" plutôt que des baies », qui seront ouverts au marteau piqueur et équipé de vitrage fixe. Dans la nouvelle configuration du projet, cette façade nord existante fonctionne comme un sas, un filtre protecteur entre la rue proche et la nouvelle construction qui se déploie en retrait de 5 mètres conformément aux obligations. Laissé partiellement toute hauteur, ce volume crée une loggia à l’étage qui dégage des vues sur les ruines du château de Hyères et sa colline fondatrice et apporte une entrée indépendante au bureau contigu de la suite parentale.
La façade sud, entièrement vitrée en rez-de-chaussée comme à l’étage où elle est prolongée d’un balcon et d’une terrasse, instaure quant à elle un rapport immédiat avec le jardin et sa piscine. Répondant à la lettre au souhait formulé d’une maison balnéaire en centre ville, l’aile ouest du bâtiment affleure avec la piscine installant pratiquement l’espace salle à manger-séjour les pieds dans l’eau. Cet aspect villégiature de la maison est amplifié par la plantation de deux palmiers dans le caillebotis, une manière également d’inscrire la maison dans son site : Hyères de son patronyme complet « Hyères les palmiers » cultive cet arbre depuis quatre siècles et produit aujourd’hui quelques 100 000 plants par an. Spectaculaire par la métamorphose opérée, ce projet qui relève davantage de la construction neuve que d’une réhabilitation établit néanmoins qu’il est souvent inutile de détruire, quand bien même le bâtiment d’origine ne présente que peu de qualité. Sans le choix de conserver la façade d’origine, l’option d’un percement poétique de cette paroi nord, élément clé de la nouvelle identité de l’habitation, ne se serait probablement pas présentée. De même, le dispositif de mise à l’écart de la rue par une zone tampon protégeant la nouvelle construction n’avait pas lieu d’être. Ce projet illustre le potentiel d’enrichissement du programme que représente la contrainte de composer avec un édifice existant, caractéristique de toute opération d’extension. »

Texte d’Olivier Darmon pour son ouvrage "20 extensions de maisons /Archi pas chère Tome 3" Editions Ouest-France parution septembre 2008.

Crédit Photos : @ jean baptiste Réol


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